L’Équipe

Sophie-Anne Leterrier

U. Artois, CREHS
Je suis historienne, spécialisée dans l’histoire culturelle du XIXe siècle.

A ce titre, selon mes rencontres intellectuelles ou les nécessités de mes enseignements, j’ai poursuivi des recherches sur la vie des hommes et des femmes du XIXe siècle, leurs conceptions du monde, leurs sociabilités, leurs goûts, leurs pratiques.

Depuis ma thèse, consacrée aux Sciences morales et politiques à L’institut 1795 à 1850 (1992), j’ai successivement travaillé sur plusieurs thèmes :
– D’abord l’histoire et l’épistémologie des sciences humaines (ou plutôt des « sciences morales » qui les ont précédées) dans la première moitié du XIXe siècle, les institutions académiques et scientifiques dans lesquelles s’est construit ce domaine de connaissance.
– L’historiographie du premier XIXe siècle, l’écriture de l’histoire et la « profession » d’historien ; j’ai en particulier écrit plusieurs contributions sur Jules Michelet, du point de vue de sa place dans les institutions de son temps, des concepts qui structurent son Histoire de France.

Cet intérêt pour l’écriture de l’histoire, conjugué à ma pratique de la musique, m’a amenée à m’interroger sur la façon dont s’est écrite l’histoire de la musique : cela a fait l’objet de mon HDR (2002). Le Mélomane et l’historien, éd. Colin, collection « L’Histoire à l’œuvre», Paris, janvier 2006, en est issu.

J’ai ensuite travaillé surtout sur les musiques populaires au XIXe siècle en France, particulièrement sur Pierre-Jean de Béranger, le célèbre chansonnier, auquel j’ai consacré un livre : Béranger, des chansons pour un peuple citoyen, Rennes, collection « Histoire », Presses universitaires de Rennes, 2013.
Depuis une vingtaine d’années, je m’intéresse surtout aux musiques « sans qualité », dédaignées des histoires de la musique qui ne s’attachent qu’aux créateurs consacrés, notamment les musiques religieuses (liturgiques), les musiques militaires, les musiques populaires (orphéons, chanson, …), et de façon générale les pratiques musicales dans leur rapport avec la société. À ce titre, j’ai assumé le commissariat de l’exposition Musique en pièces, musiques populaires en Avesnois 1850-1930, à l’écomusée de Fourmies, de mars à décembre 2023, en collaboration avec Émeline Perrin, chargée de projets à l’écomusée
J’ai eu l’occasion d’approfondir ma connaissance des chansons de carnaval des fonds lillois, dans le cadre du projet Musicarchives (2015). Dans le projet « Patrimoines invisibles », je travaille maintenant sur les chansons de la côte d’Opale, leur tradition et leur renouvellement.

Ancienne élève de l’ENS, j’ai enseigné quelques années dans le secondaire, puis dans le supérieur à Lille 3 (1994-2003) et à l’Université d’Artois (2003-2021), où je dirigeais le master professionnel « Gestion du patrimoine culturel » jusqu’à mon départ à la retraite.

Tiphaine Barthelemy

UPJV, UR Habiter le monde
Professeure émérite d’anthropologie à l’Université de Picardie Jules Verne à Amiens, je suis membre du laboratoire Habiter le Monde (UR 4287). Présidente de la section d’Anthropologie sociale et d’Ethnologie du CTHS (Comité des travaux historiques et scientifiques), je participe également au comité de rédaction de la revue Ethnologie Française, ainsi qu’au conseil scientifique de la Maison Méditerranéenne des Sciences de l’Homme.

Mes premiers travaux portaient sur la parenté et les modes de transmission des patrimoines chez les agriculteurs et les grands propriétaires dans l’Ouest de la France ainsi que sur la manière dont ils articulaient principes égalitaires et principes hiérarchiques au sein des familles comme des groupes sociaux qu’ils pouvaient constituer (voir : 1988: Les modes de transmission du patrimoine, Etudes Rurales, 109/110/111, p.195-212 ; 2005: Quand intérêts et sentiments se mêlent. Correspondances familiales aux XIXème et XXème siècles, Terrain, 45, p.29-40. ; 2014: Propriétaires en campagne: les dynamiques de l’espace notabiliaire finistérien à la fin du XIXème siècle, in François Sarrazin (ed.): Les élites agricoles et rurales: concurrences et complémentarités des projets, Rennes, PUR, p.101-115).

Mon arrivée à Amiens en 2010 m’a conduite à m’intéresser, à partir de terrains en Picardie, au patrimoine dans un sens plus large : celui de biens matériels ou immatériels que nombre de sociétés savantes et d’associations cherchaient à protéger et à faire reconnaitre comme patrimoine culturel à des échelles différentes, locales, régionales et nationales. Or, ces processus de patrimonialisation n’aboutissaient pas toujours : certains éléments – de patrimoine culturel immatériel notamment – qui dans d’autres régions, pouvaient être fortement valorisés, ne suscitaient qu’indifférence ou mépris en dehors du cercle étroit de leurs porteurs ; d’autres pouvaient connaitre une certaines reconnaissance, mais échappaient aux mains de leurs porteurs qui s’en sentaient dépossédés ; d’autres enfin ne parvenaient pas à susciter l’intérêt – ni les financements- des pouvoirs publics et des institutions patrimoniales ; toutes choses qui incitaient à s’interroger sur les représentations différentes du patrimoine qui étaient en jeu, les ancrages sociaux et territoriaux des différents acteurs, les compétences qu’ils mettaient en oeuvre et les relations qu’ils entretenaient les uns avec les autres. (voir : 2014: La patrimonialisation ou la vie, une enquête auprès des dockers en 1989, in : Tiphaine Barthelemy, Philippe Combessie, Laurent-Sébastien Fournier et Anne Monjaret (dir.) : Ethnographies plurielles. Déclinaisons selon les disciplines, Paris, ed. du CTHS , Tiphaine Barthelemy et Manon Istasse, 2022, Du patrimoine ethnologique au patrimoine culturel immatériel en Picardie : les ratés d’un « bottom/Up » ?, Ethnologie Française, p.525-541 et Tiphaine Barthelemy, 2024 Cent ans de catastrophes : une destruction patrimoniale dans l’Aisne. In Situ. Au regard des sciences sociales, 4 (en ligne))

Le rapprochement des universités d’Arras et d’Amiens dans le cadre de l’Alliance A2U (Université du Littoral Côté d’Opale, Université d’Artois et Université de Picardie Jules Verne), m’a permis d’échanger avec Nathalie Gauthard, Professeure en Art du Spectacle et avec l’historienne Sophie-Anne Leterrier qui était alors responsable du Master Patrimoine de l’université d’Arras. Nos intérêts respectifs pour les carnavals et les mises en scène du patrimoine, les chansons et la musique populaires, enfin les communautés patrimoniales, nous ont incitées à monter un premier projet, dans le cadre du CPER Anamorphose. Intitulé De l’entre-soi au spectacle : le patrimoine maritime de deux villes portuaires à travers leurs fêtes, cette première recherche a donné lieu à une exposition, à Arras et à Amiens. C’est ensuite que nous avons proposé une seconde recherche dans le cadre du projet régional STiMuLe : Entre savants et populaires : les patrimoines invisibles des Hauts de France. Créations, réappropriations, synergies (PATRINVI). Ce sont les premiers éléments de ce travail qui sont présentés ici.

Nathalie Gauthard

U. d’Artois, UR Textes et Cultures
Nathalie Gauthard est ethnoscénologue, Professeure des universités à l’université d’Artois.
Formée aux arts de la scène, elle a poursuivi des recherches ethnographiques à Bali, en Inde, au Népal, à Taïwan et au Tibet en mêlant participation observante (pratique des formes étudiées) et approche ethnographique. Après une thèse de doctorat portant sur l’adaptation des rituels tibétains sur les scènes internationales, elle a soutenu une HDR intitulée « Pour une anthropologie des arts vivants et performatifs. Dynamiques esthétiques, sociales et politiques en arts du spectacle » avec un essai inédit sur les bouffons tibétains à Paris-Sorbonne en 2014.
Lauréate de plusieurs projets de recherche dans les Hauts-de-France, elle y poursuit actuellement une recherche sur « les patrimoines invisibles » (géants, carnaval, fêtes) liés aux patrimoines culturels immatériels (PCI). Elle est également présidente de la Société Française d’Ethnoscénologie SOFETH et directrice de publication de la Revue L’Ethnographie. Création, Pratiques, Publics (MSH-PN-USR3258) depuis 2017.
Sur le thème de la fête, du carnaval et des patrimoines vivants, elle a publié « Dragons, géants et autres merveilles : dynamiser la mémoire patrimoniale en arts vivants et littérature, pistes et réflexions » (dir.), Revue L’Ethnographie. Créations, Pratiques, Publics, (MSH-PN-USR 3258), avril 2023 ; Fêtes, mascarades, carnavals. Circulations, transformations et contemporanéité, (dir.), Éditions L’Entretemps, coll. « Les Anthropopages » en 2014. Deux ouvrages sont à paraître en 2025 : Enquêter en carnaval. Méthodologies créatives autour d’un plaisir partagé (dir. N. Gauthard, B. Mauffret, M. Salzbrunn,), Presses universitaires de Rennes, mars 2025 et Carnavale-toi ! aux éditions Cambourakis.