Célébrer les géants

Les géants, éléments spectaculaires du patrimoine de chaque localité, dans les Hauts-de-France, mais aussi en Belgique et en Catalogne, sont sortis à de diverses occasions et sous de diverses formes. Au niveau de la récurrence, on peut noter que nombre de géants ne sortent qu’à des occasions précises comme des fêtes patriotiques, populaires ou à l’occasion de fêtes religieuses quand d’autres sortent beaucoup plus régulièrement. En effet, si certains géants comme Colas, Jacqueline, Dédé, l’Ami Bidasse et le Jouteur à Arras ne sortent qu’une ou deux fois par an à l’occasion du championnat du monde de la frite ou de la fête de l’andouillette, Batisse, Zabelle et leur fils Tit Pierre sont de sorties quasiment chaque week-end au moment des diverses fêtes maritimes de la Côte d’Opale ou lors du marché de Noël de Boulogne mais aussi lors de grands événements ponctuels comme l’accueil d’événements nationaux comme le Tour de France ou bien des inaugurations. Une chanson du répertoire local, interprétée par les Soleils Boulonnais, leur est d’ailleurs consacrée. La différence entre ces deux cas assez représentatifs correspond aux possibilités de gestion de ces géants. Les géants d’Arras, comme la majorité des géants, sont gérés dans la ville eux-mêmes, de ce fait, ils sont exposés dans l’hôtel de ville toute l’année et de sortie très occasionnellement. À Boulogne en revanche, après plusieurs générations gérées par la municipalité et très vite abandonnées, l’actuelle génération de Batisse et Zabelle sont depuis leurs renaissances en 2003 sous la gestion de l’association « Mémoire d’Opale » qui s’occupe de l’entretien, la sortie et l’animation de ces géants. Dès lors, une équipe est complètement dévouée à la vie des géants boulonnais, ce qui permet leurs sorties régulières. 

Toutefois, les géants de Boulogne, tout comme ceux d’Arras et d’autres villes, ici ne sortent qu’à des occasions qui ne leur sont pas dédiées. C’est-à-dire que leurs sorties s’ajoutent à une série d’animation au sein d’un événement donné et à la thématique plus large. Il existe cependant des festivités consacrées aux géants. Dans ces cas de figure, la fête porte souvent le nom du géant qu’elle célèbre et c’est un ensemble d’animations qui s’ajoutent autour comme des fanfares ou des stands d’expositions. C’est le cas par exemple pour la « Fête de la Matelote » qui se tient à Grand-Fort-Philippe tous les ans. Lors de cette journée (en avril ou en mai), un certain nombre de géants de la région sont invités pour l’organisation d’un défilé dans la ville. Tous les trois ans, un événement majeur de la vie de cette Matelote est célébré. Par exemple, en 2000, elle est officiellement mariée avec l’Islandais suivi en 2003 de la naissance et le baptême de leur fils Fiu. Cette journée est donc l’occasion de faire agrandir la famille des géants de Fort-Philippe (au nombre total de huit aujourd’hui). 

Certaines fêtes consacrées aux géants sont également des moments forts de l’année pour certaines villes, représentant alors une de leur festivité les plus importantes. Douai notamment, « capitale des géants », célèbre chaque année début juillet pendant deux semaines la « fête de Gayant », la famille de géants emblématiques, créés en commémoration de la défense de la ville de Douai durant le XVIe siècle contre les Français. Ces deux semaines de festivités ont leur apothéose lors des trois jours où la famille Gayant au complet (Monsieur Gayant et Madame Marie Cagenon et leurs enfants Jacquot, Fillon et Binbin dit Tiot Tourni) sortent dans la ville pour la seule fois de l’année. Cette fête, classée tout comme leurs géants en 2005 au sein du Patrimoine Immatériel de l’UNESCO, est tellement importante pour les Douaisiens que l’année est composée en deux temps entre « l’avant » et « l’après-gayant ». 

Enfin, il faut signaler les moments consacrés au rassemblement des géants comme le font Bouvines et surtout Steenvoorde lors de sa « Ronde des Géants » autour du week-end du premier mai, ce qui permet la venue de géants de toute l’Europe avec dans les deux cas défilés, danses et venue de groupes folkloriques et carnavalesques. Le festival de Steenvoorde prend régulièrement la dénomination de « ronde européenne des géants portés ». Ce qui institue la rencontre et la mise en relation de la grande famille des géants qui s’agrandit d’année en année.

Bibliographie

Ronde des Géants (La), Au pays des géants, éd. La Ronde des Géants, 1981

LIENS POUR APPROFONDIR

Fiche d'inventaire