Après neuf années sans création patoisante dans la ville, en raison du décès de l’auteur Arnaud Libert, une nouvelle équipe s’est regroupée dans l’objectif de faire renaître une tradition riche d’anciennes créations, qui avait marqué les esprits lors des tournées.
Didier Bonnet, sapeur-pompier à la retraite, auteur en 2000 d’une comédie patoisante qui avait eu du succès, et Baptiste Pruvost, comédien dans la Revue boulonnaise et passionné par le patrimoine culturel immatériel boulonnais, ont imaginé et écrit les scènes et les chansons de cette nouvelle revue.
Les interprètes, tous amateurs, comptaient des comédiens de la dernière pièce d’Arnaud Libert, des comédiens des revues des années 1990 ou de la pièce patoisante « Mon diu qué famille ! » (2000 – 2002) ainsi que quelques « nouveaux », forts d’expériences dans le théâtre et la pratique patoisante. Les ballet ont été assurés par l’association « Show Devant » de Marina Gobert (qui avait fait les ballets en 2016) et la musique était jouée en direct par l’orchestre de la Musicale Porteloise.
Placée dans une volonté à la fois de continuité et d’innovation, « Ça n’avince pon ! » a présenté, grâce à 13 tableaux différents, ce qui fait l’actualité de la ville et de l’agglomération : les travaux, les animations sportives, les noms des commerces, la circulation, le club de basket ou encore les prochaines élections municipales. Les personnages étaient à la fois des archétypes propres aux revues (le couple Batisse et Zabelle en fil rouge, le trio de commères) mais présentait aussi des personnages fictifs, familiers aux Portelois (médecins, agents de chantiers) et imitaient des personnalités en vue (le maire et son prédécesseur par exemple). L’innovation s’est manifestée d’abord dans la scénographie, avec l’installation d’un écran LED qui diffusait des photos ou vidéos (à la place des toiles peintes) et par une distribution plus équilibrée (il n’y a pas vraiment ici de personnages principaux ou de têtes d’affiches, chacun ayant son moment). Le renouveau de la revue s’est également distingué par une nouvelle esthétique dans le choix des graphismes , grâce à un graphiste local qui a réalisé des illustrations « cartoonesques » différentes des affiches plus sobres des anciennes revues.
Finalement, près de 2800 spectateurs (en dix représentations) se sont rassemblés autour de ce spectacle, qui proposait aussi de nombreuses animations pour mettre en avant les savoir-faire locaux (par exemple une tombola réalisée en partenariat avec l’union des commerçants). Grâce à l’enthousiasme exprimé aussi bien dans la salle que dans les coulisses, s’est exprimée une dynamique et une volonté de continuer les créations patoisantes sur le Portel, en partenariat avec les autres acteurs de la région.