Florilège de chansons de revues boulonnaises 

Toutes les chansons sont arrangées et accompagnées par Philippe Decomble.

1932 Rien ne va plus

Revue-opérette locale en trois actes et quatre tableaux de Pierre Duffort
Théâtre municipal de Boulogne /mer
7 octobre 1932 et jours suivants

L’intrigue évoque Batisse, qui revient d’un voyage autour du monde, avec une partie de son équipage et une Japonaise. Sa famille (sa mère Françoise, les deux sœurs Magritte et Zabelle) se prépare à la recevoir. Au Casino, arrivent de quatre maires désirant des billets gratuits, puis un homme politique auvergnat, de machinistes mécontents, une fermière des environs venue vendre des poules. Les maires président un concours de chant amateur. Dans les jardins du casino, le soir du gala de la reine de beauté, se déroulent des intrigues amoureuses (impliquant un commandant de bâtiment, un officier de marine belge, un cuisinier).

Acte 2, « V’la des poules »
Air : Viens Poupoule (paroles de Trébitsch et Christiné / musique Adolf Spahn)

Tube de Félix Mayol en 1902, la chanson viendrait d’un air allemand, « Komm, Karlineken », utilisé par un artiste de la Scala (à Paris), sur lequel Mayol aurait fait mettre des paroles françaises. Elle décrit la soirée au café-concert de l’ouvrier parisien, l’hédonisme populaire, l’irruption des apaches et la bagarre du samedi soir. 
La parodie la transpose dans la bouche d’une vendeuse de poules qui vante spécialement celles des localités du Boulonnais, avant de faire un jeu de mot sur la poule et la foule, qui vient au théâtre au paradis. 

Interprète Hervé Diéval

1951 Boulogne au sel-rit

Au théâtre municipal de Boulogne
Revue 100% locale de R. Destrée
Avec l’orchestre de jazz symphonique

Deuxième partie, « Si j’étois un fiu »
Air : Boire un petit coup (chanson à boire traditionnelle française), 

C’est une chanson traditionnelle dont on trouve des versions anciennes en Louisiane et au Canada au début du XXe siècle, sous le titre « Allons au bois ma mignonnette » ou « Prendre un petit coup ». L’air est repris en 1910 dans « Boire un bon Pinard », puis en 1943-47 par le capitaine Félix Boyer, qui en revendique la paternité devant la SACEM, mais est débouté par la justice. L’air est associé (à tort) aux combats des tranchées de la première guerre mondiale, il est populaire surtout dans les années 40, grâce à l’interprétation de Marcelle Bordas et au film d’Henri Decoin, « Les Amants du Pont Saint Jean » (1947). 

La parodie en fait une déclaration dans laquelle une jeune fille imagine ce qu’elle ferait si elle était un garçon, en particulier en empêchant les reconstructions de mauvaise qualité dans les maisons. Le thème est très lié au contexte. Au sortir de la guerre, Boulogne est sinistrée à 85%, 3 000 personnes vivent dans des caves et 7 000 attendent un logement. On construit donc des baraquements au Chemin vert, les « demi-lunes ». Au centre-ville, les quatre « buildings » du quai Gambetta, construits de 1951 à 1955, datent aussi de cette période. 

Interprète Annie Hermant

1957 Ardis me le !

10e revue locale de Marvas
Théâtre municipal de Boulogne /mer
Première partie
« Plages du Boulonnais »
Air : Mediterranée (paroles Raymond Vincy / musique Francis Lopez)

La chanson, interprétée par Tino Rossi dans l’opérette du même nom de 1955, enregistrée l’année suivante, est un hymne à la Méditerranée, à son soleil et à son charme. L’opérette éponyme raconte l’histoire d’un chanteur qui revient dans sa Corse natale, et vit une histoire d’amour avec la fiancée de son frère, contrebandier. Jouée 572 fois avec Tino Rossi et 181 fois avec une autre distribution, c’est un énorme succès populaire. Elle est adaptée au cinéma en 1963 avec Luis Mariano.

La transposition fait de l’hymne à la mer méditerranée un éloge des plages du Boulonnais, « aux rivages si sauvages », opposé aux insipides plages du sud de la France.

Interprète : Hervé Dieval

Mars 1962 Et pis cor quoi ?

14e revue locale de Marvas
« Prologue »
Air : Jolie Môme (paroles et musique Léo Ferré)

C’est l’une des chansons les plus célèbres de Léo Ferré en 1960, reprise par Juliette Greco dans une interprétation beaucoup plus féministe.

La parodie évoque la revue, pour laquelle la foule « perd la boule », descend de toutes les localités voisines, les autres fêtes de la ville (guénels, processions du mois d’août, fêtes nautiques, jumelages) et la vie maritime de Boulogne.

Interprète Vincent Chevallier

Mars 1963 Quoi qu’o z’in dites ?

Revue locale de Marvas
Deuxième partie, « L’batiauw à tit’Louis »
Air : Retiens la nuit (paroles Charles Aznavour / musique George Garvarentz)

C’est un slow écrit par Aznavour pour Johnny Hallyday en 1961, une chanson d’amour interprétée par le chanteur l’année suivante dans le film « Les Parisiennes » de Marc Allégret (avec Catherine Deneuve), numéro un au hit-parade pendant plus d’un mois.

La parodie évoque la tristesse d’un vieux matelot qui ne veut pas quitter son navire, son « seul copain au monde », avec lequel il a durement gagné sa vie dans les parages de Boulogne (le banc d’Ailly et le Vergoyer sont des repères pour les bateaux qui doivent les éviter).

Interprète Philippe Decomble

Avril 1967 El fu n’y est pont !

Revue locale de Marvas
Première partie, « Seul dins la nuit »
Air : Strangers in the night (paroles Charles Singleton et Eddie Snyder / musique Ben Kaempfert)

Il s’agit d’un standard de jazz américain, interprété notamment par Franck Sinatra, qui en fait le titre d’un album en 1966, vendu à plus de cinq millions d’exemplaires et repris par de nombreux interprètes. 

La parodie évoque la solitude d’un vieil homme qui s’ennuie dans sa retraite, tandis que son fils est parti. Il regrette sa vie de marin et espère le retour de son enfant à ses côtés.

Interprète Vincent Chevallier

Mars 2015 Ed quoi qu’té t’mêles ?

Revue patoisante de Dominique Pourre
Théâtre Monsigny
Deuxième partie
« Nos rue Machicoulis »
Air : sous le ciel de Paris (paroles Jean Dréjac / musique Hubert Giraud)

Initialement interprétée et enregistrée par Jean Bretonnière dans le film éponyme de Julien Duvivier (1951), la chanson est reprise par Juliette Gréco (1951), Edith Piaf (1954) et Yves Montand (1964). Elle est l’un des classiques emblématiques de leurs répertoires, de la chanson française en général, un hymne à Paris resté familier.

La parodie évoque les rues du quartier St Pierre, notamment les escaliers de la rue Machicoulis, où montent les matelotes chargées de poisson, où jouent les enfants, joyeux malgré la pluie et le vent, et la maison de la Beurière, où l’on a « rendez-vous avec le bon vieux temps ».

Interprète Marie-Hélène Boulaire

« Y’a ren qui resse secret »
Air : la bonne du curé (Annie Cordy) (paroles Charles Level / musique Tony Montoya et Tony Royal)

Un des plus grands succès d’Annie Cordy (plus d’un million de disques vendus) en 1974, cette chanson relance sa carrière, jusqu’alors portée davantage par la scène que par le disque. 

La parodie évoque les cancans des commères de Boulogne, leurs médisances, notamment envers les sportifs et les élus. Les commères sont des personnages incontournables de toutes les revues, à l’instar de Batisse et Zabelle. Ce sont des figures comiques, généralement jouées par des hommes travestis.

Interprète : Béatrice Coton

Bibliographie

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LIENS POUR APPROFONDIR

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Fiche d'inventaire