Portraits de chanteurs et chanteuses en costumes boulonnais
Pour faire vivre les traditions locales, le groupe folklorique « Les Soleils boulonnais » s’est constitué en 1987 dans le cadre de l’Atelier de maintien des traditions populaires boulonnaises. Son nom vient de la coiffe qu’arboraient les femmes de marins dans les grandes occasions, immortalisée par les cartes postales du début XXe.
Les chanteurs portent la casquette de marine, la vareuse cachou et le pantalon de drap bleu, tenue traditionnelle des marins boulonnais. Les costumes féminins sont plus divers, dans la forme des coiffures (soleil ou bonnet), la couleur et les motifs imprimés des étoffes. La tenue d’apparat de la femme de pêcheur comprend corsage, jupe moirée et tablier noir, châle brodé, gants de résille noire, « dorlots » et coiffe soleil.
Portrait de groupe

Le répertoire des chants des « Soleils boulonnais » doit beaucoup aux collectes réalisées par Michel Lefèvre dans les années 1980. Il se compose surtout de chants maritimes. Interprétés en patois boulonnais ou en français, ils sont accompagnés à l’accordéon, au violon, à la clarinette. Les chanteurs chantent sans partition, par cœur, mais ils sont sonorisés.
Sur le devant de la scène se tient Jean-Pierre Ramet, qui présente chaque pièce. Impliqué dans l’association depuis les années 80 (au moment où il a pris sa retraite), il animait déjà dans l’AMTPB le groupe sur le patrimoine local. Il écrit par ailleurs des saynètes et des contes en patois.
Ronde des matelotes

On trouve à Boulogne, comme dans d’autres provinces, à la fois les danses traditionnelles anciennes (branles, rondes) et les danses de couple, en vogue au XIXe siècle (quadrilles, mazurkas, scottishs, polkas, valses). Le répertoire des « Soleils boulonnais » comprend aussi bien des danses de la campagne proche que d’autres du Casino de Boulogne des années 1900 et des variantes locales de danses à figure (« quadrille des lanciers »).
Les chorégraphies, écrites par Stéphane Thiriat sur des musiques retrouvées (par Michel Lefèvre, ou par Ernest Deseille, comme c’est le cas ici), sont nouvelles, mais aussi fidèles que possible aux traditions connues.
Tandis que le chant est mixte, la danse attire davantage de femmes. La danse photographiée ici est liée à l’activité des matelotes, chargées de la vente du poisson frais. On remarque les pieds nus des danseuses, les socques vernis de leurs partenaires. Elles ont aussi quelques accessoires, dont les corbeilles à poisson et les foulards imprimés.
Complainte de la butte boulonnaise (film)
La « Complainte de la butte » est une chanson d’amour nostalgique qui se passe à Montmartre, popularisée dans les années 50 par « French Cancan », un film de Jean Renoir dans lequel Cora Vaucaire l’interprétait.
Cet air est le timbre (= l’air connu, repris pour porter de nouvelles paroles) de la chanson interprétée par les « Soleils boulonnais », qui la transposent à Boulogne, dans le quartier Saint-Pierre dont les escaliers – comme ceux de Montmartre – sont « durs à escalader ». La thématique amoureuse disparaît au profit d’une évocation du quotidien des gens du peuple.
Chantée à l’unisson sur un tempo très lent, la chanson est accompagnée par le violon, qui joue simplement la mélodie sans arrangement ni ornementation.