
Premier port de pêche français depuis le milieu du XIXe siècle, Boulogne s’est très tôt tourné vers la pêche industrielle, ses chalutiers partant pour de longues marées (de deux semaines à plusieurs mois) en mer d’Irlande ou au large des côtes écossaises et scandinaves. Détruite à 80 % par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale, la ville n’abrite plus aujourd’hui de communauté de pêcheurs, comme c’était le cas auparavant dans les quartiers de Capécure et la Beurière situés le long des quais. La pêche industrielle n’est plus représentée que par 4 ou 5 chalutiers, dont l’équipage est souvent constitué de marins étrangers. C’est pour transmettre la mémoire de l’ancienne communauté que ses descendants ont constitué un groupe folklorique, les Soleils boulonnais, puis un musée, la Maison de la Beurière. Chaque année en septembre, elle est au cœur d’une fête animée qui fait revivre le quartier d’autrefois.
Chicorée-café (Maison de la Beurière)

Construite en 1870 en haut d’une rue en escaliers, la Maison de la Beurière abritait à l’époque deux familles de marins. Longtemps abandonnée, elle a été transformée en musée par une association au début des années 1990. Conçue comme un lieu de mémoire de l’ancien quartier des pêcheurs, la maison comporte au rez-de-chaussée un espace reconstituant un habitat de marins. Celui-ci a été meublé au gré des objets donnés par des descendants de pêcheurs boulonnais, tels ce moulin à café et cette boîte de chicorée. Si le premier renvoie à une époque plus qu’à une appartenance régionale, telle n’est pas le cas de la seconde. L’entreprise Lutun – chicorée du Nord a en effet été fondée en 1934 près de Calais et existe toujours aujourd’hui. Son actuel propriétaire est le dernier torréfacteur artisanal de la région. Trait d’union entre passé et présent, la boîte de chicorée permet d’autant mieux aux visiteurs de s’identifier aux marins d’autrefois.
Savoir-faire : la coiffe boulonnaise. Stand à la fête de la Beurière

Spectaculaire, la coiffe de fête des matelotes boulonnaise comporte un bonnet surmonté d’un volant de dentelle tuyauté et amidonné qui entoure le visage. D’où son nom de « soleil ». Apparu dans la première moitié du XIXe siècle, le volant de dentelle (généralement de Calais) était au départ de taille modeste. Il n’a cessé de prendre de la hauteur, traduisant la période de prospérité amenée par la pêche jusqu’à la Première Guerre mondiale. Les matériaux qui servent à sa confection – tulle, dentelles- ainsi que la largeur du « soleil » étaient aussi fonction de la richesse de sa propriétaire. Le « soleil » a cessé d’être porté au milieu du XXe siècle. Mais les groupes folkloriques, tels les « Soleils boulonnais », le font revivre lors de leurs manifestations. Le problème toutefois tient à ce qu’il ne reste plus aujourd’hui que deux personnes à Boulogne qui possèdent le savoir-faire nécessaire à la confection de coiffes neuves et à l’entretien des anciennes. Lors de la fête de la Beurrière, un stand de fabrication de coiffes témoigne de la complexité de ce savoir-faire et de la volonté de le transmettre.
Le matelotage, stand à la fête de la Beurrière

Terme issu de la marine à voile, le matelotage désigne l’ensemble des techniques mises en œuvre par les matelots pour préparer et utiliser les cordages nécessaires au maniement des voiles et à l’amarrage des bateaux. Aujourd’hui, les filins d’acier et les textiles synthétiques de fabrication industrielle ont remplacé les cordes de chanvre, mais le matelotage s’est perpétué sous la forme d’un savoir-faire en matière de nœuds et d’épissures. S’il garde une fonction utilitaire sur les bateaux anciens ou les bateaux de plaisance, il a trouvé un débouché nouveau dans la décoration, comme le montre cette photographie. Nombre de maisons de vacances sur le littoral sont ornées de badernes (tresses utilisées pour préserver le pont du bateau), de pommes de touline (qui servaient à lester l’extrémité d’un cordage), voire de fauteuils réalisés en cordes tressées.