Véritable chef d’orchestre de la bande, le tambour-major commande les fifres et les tambours qui le suivent et fait exécuter les chahuts. À Dunkerque, celui de la bande des pêcheurs joue un rôle particulièrement important
Il est choisi par le maire de la ville sur appel à candidature (depuis 2013) et sur proposition de la confrérie des tambours majors (constituée en 1990-91).
Certains tambours-majors sont d’anciens militaires (Christophe Merten, alias Tof le grand à Rosendaël), des sapeurs-pompiers, d’autres sont serveurs (Emmanuel Paladino, alias Co-Zeinlle à Grand-Fort Philippe) ou employés municipaux (Pascal Bonne). La plupart d’entre eux jouent du tambour depuis l’enfance et sont des carnavaleux très impliqués.
Certains auteurs supposent que les tambours-majors des bandes de carnaval ont pris la succession des tambours-majors officiels de la Garde nationale, qui dirigeaient les fifres et les cornemuses lors des sorties du Reuze au début du XIXesiècle. D’autres pensent en revanche qu’ils parodient les soldats de Napoléon.
En ce qui concerne la bande des pêcheurs de Dunkerque, Pintje Bier est le premier tambour major mentionné dans les sources, pour les années 1850. En 1872, la bande est ressuscitée et menée par Jean-François Marchel, docker, puis balayeur municipal, alias Cô-Genièvre, un amuseur public qui prend la tête d’une centaine de masques. Il restera à son poste jusqu’en 1910 et dirigera 39 bandes. En 1878, un chroniqueur local note que Cô-Genièvre a abandonné son costume initial de Gilles et son manche à balai au profit d’une veste de mobile et d’un shako de douanier. Quelques années plus tard, en 1895, il adopte le costume de grenadier du premier Empire, sans doute sur le modèle de Goliath Ier (François-Louis Daems) premier tambour-major de la bande de la Violette (Malo-les-Bains). Eugène Bouquet (Cô-Gnac) prend la tête de la bande de 1910 ; Louis Hubert (Cô-Pinard), Victor Becam (Cô-Schnick) la dirigent pendant les années 30, puis Emile Faës (Cô-Trois-Six) et Georges Montacq (Cô-Schlock) après la guerre.
Jean Minne, alias Cô-Pinard II, a dirigé la bande durant vingt-huit ans, de 1960 à 1988. Immortalisé par une mosaïque de Xavier Degans décorant l’hôtel communautaire, il a également donné récemment son nom à une rue de la ville, où la bande lui rend hommage lors de son passage. Les Prout lui ont dédié un hymne, sur l’air d’Amazing Grace. Pascal Bonne alias Co-Boont’che est le dernier venu.