Les géants

Les géants sont de grands mannequins de paille et d’osier, sans doute initialement liés à des corporations ou confréries. Ils avaient à l’origine une fonction processionnelle, généralement liée aux fêtes religieuses (par ex. le Reuze de Dunkerque à la Saint-Jean), mais ils ont été progressivement associés aux fêtes profanes et au carnaval. Ces géants processionnels anciens sont mentionnés dans les sources depuis le XVIe siècle (Gayant à Douai, Lyderick et Phinaert à Lille, Mabuse à Maubeuge, le Reuze à Dunkerque, Pancha à Valenciennes, Ian den Houtkapper à Steenvoorde) ou le XVII(Gedeon et Alphonsine à Bourbourg, Reuze Papa et Reuze Maman à Cassel, Papa Lolo à Saint-Omer).

D’autres géants, plus nombreux, ont vu le jour au XIXe siècle ou encore plus récemment. Ils représentent des héros légendaires (Gargantua à Bailleul, Gambrinus à Armentières, Roland à Hazebrouck), des figures locales (l’Oncle-Cô de Fort Mardyck, pêcheur d’Islande, Gaspard Ier à Malo-les-bains, nommé d’après le fondateur de la ville, Gaspard Malo). Plusieurs figures sont liées aux harmonies municipales les plus anciennes : Ignace – nommé d’après une chanson de Fernandel – à Fressain (1957 puis 2003), Gust de Meester à Rexpoede (1986), Eurecqua à Recques sur Hem (2003). D’autres incarnent les musiciens locaux notoires : Pierre Degeyter à Fives-Lille (1984 puis 2004),  Raoul de Godeswaersvelde à Lille-St Sauveur (1982). 

Enfin, certains géants ne vivent qu’une journée, pour être brûlés le soir du mardi-gras. Ils sont inspirés de l’actualité (à Grand Fort Philippe Dodolphe en 1939, Zorro en 1949, Davy Crockett en 1957, Super-Spoutnik en 1958, Miss Bikini en 1962, etc.) ou de chansons populaires (Madelon, la Tonkinoise à Petit-Fort-Philippe ; l’Ami-Bidasse à Gravelines).

Les géants naissent, se marient, ont des enfants, voyagent, meurent. Mais ils ressuscitent et se retrouvent vivants au milieu des fêtes traditionnelles. Aujourd’hui, le géant est promené, ou sorti et exposé, lors des fêtes, pour en rehausser l’éclat. 

Les géants boulonnais, Batisse et Zabelle, incarnent la continuité, mais ils n’ont cessé de disparaitre et de réapparaitre sous divers avatars. Leur première incarnation date de 1923, à l’initiative d’un adjoint au maire membre de la Commission des fêtes, qui souhaite les voir participer à la fête corporative de la Semaine du poisson. Un atelier parisien se charge des corps, le sculpteur boulonnais Achille Blot réalisant les têtes. L’année suivante, ils figurent à Lille puis à Paris, à l’occasion de la fête du muguet (3-4 mai). Ils s’éclipsent ensuite, et ne sont reconstruits qu’après la guerre, en 1951. C’est cette fois un couple de sculpteurs hazebrouckois spécialisé dans les géants, M. et Mme Deschot, qui leur donne forme, tandis que leurs costumes sont fournis par des faiseurs boulonnais réputés. Mais ils succombent à nouveau à l’oubli une génération plus tard. Enfin, en 1981, Charles Garnier – un comédien original, illusionniste, marionnettiste – en réalise une nouvelle version, toujours sur la suggestion de la municipalité, et notamment de Roger Destrée, membre de l’équipe municipale, revuiste et administrateur du club des supporteurs de l’USB.

Bibliographie

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LIENS POUR APPROFONDIR

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Fiche d'inventaire