Voyages en chansons dans la métropole lilloise au XIXe siècle

Introduction : le voyage dans les chansons en patois de Lille

« Voyage d’affaires », « voyage de tourisme », « voyage organisé » … la multiplication des expressions relatives au voyage au XIXe siècle montre que c’est alors qu’il devient ce que nous appelons ainsi. Pour autant, voyager n’est pas une pratique habituelle pour tous. Jusqu’à la toute fin du siècle, en dépit de la multiplication des moyens de transports collectifs, notamment de l’extension du réseau ferré, l’expérience du voyage reste étrangère à la majorité des paysans et des ouvriers. Pour eux, voyager, même à proximité, reste un événement, voire une aventure.

On le voit quand on s’intéresse à des corpus locaux, comme celui des chansons en patois de Lille. Réunies en deux importants ensembles à la médiathèque de Lille, ces chansons datent pour la plupart des années du second Empire et des débuts de la troisième République. Elles sont imprimées sur de petits formats, à l’occasion du carnaval, et sont écrites dans le cadre de sociétés, réunies dans un estaminet, par des ouvriers de l’industrie textile de la métropole, souvent illettrés. Ce sont des textes assez longs, de sept ou huit couplets, le plus souvent avec un refrain. Elles sont toujours écrites sur des airs connus, la plupart des timbres étant empruntés à des chansonniers locaux, notamment Alexandre Desrousseaux, ou venant, à la fin du siècle, du répertoire du café-concert. Je citerai ci-après quelques chansons du plus célèbre des auteurs lillois, mais je donnerai aussi la parole à beaucoup d’anonymes, ses humbles confrères. Leurs chansons sont une formidable source de l’histoire locale, de la vie quotidienne et des représentations du monde des ouvriers de la métropole, en particulier des filtiers1 du quartier Saint-Sauveur. Si l’on y recherche ce qui a trait au voyage, on voit combien le fait de quitter son monde familier suscite de craintes, de fantasmes, dont les chansons se font l’écho. On mesure aussi l’importance du service militaire dans l’ouverture des horizons2 et celle de formes de sociabilité spécifiques, notamment la pratique orphéonique.

Pour des raisons pratiques, je parlerai surtout ici du contenu textuel des chansons, n’ayant pas eu le temps nécessaire à approfondir la connaissance de leurs timbres, sauf exception. J’espère que le caractère original de ces sources et la saveur du patois de Lille ne vous feront pas trop regretter que je ne m’aventure pas à en chanter des extraits.

I – Les dangers du voyage

Localisme

Statistiquement, les milliers de chansons en patois de la médiathèque Lévy parlent très peu de voyage. A côté d’autres thèmes – comme les rapports, difficiles ou délicieux, des hommes et des femmes, les événements et faits divers, et surtout l’argent qui manque, véritable obsession des chansonniers – celui du voyage est certainement l’un des moins illustrés. Comme le souligne à juste titre Laurent Marty (au sujet des ouvriers des fabriques de Roubaix) : « L’identité qui s’affirme dans la chanson est d’abord une identité ouvrière (…) Non moins affirmé est le caractère roubaisien de cette identité. Les événements mis en scène dans les chansons se déroulent pratiquement tous à Roubaix (…) on trouve très peu de récits venant d’ailleurs, soit imaginaires, soit relatant des événements extérieurs. »3 Les chansonniers, même les plus cultivés, ceux qui éditent leurs oeuvres, ne se produisent que dans la métropole lilloise et dans les villages voisins. Ils ne cherchent pas une audience nationale, ni même régionale, sauf exception.

Le plus renommé d’entre eux (Alexandre Desrousseaux) n’a jamais voulu renoncer au patois pour élargir son audience. Tout au plus s’est-il rendu à l’invitation de voisins du Pas-de-Calais, ce dont témoigne sa chanson Mon premier voyage à Arras (11 octobre 1857), sur l’air : « Vl’a c’ que c’est qu’d’aller au bois » (le choix de l’air soulignant le caractère aventuré du voyage). Cette chanson est narrative : elle raconte qu’invité par les gens d’Arras, l’auteur a pris le train pour s’y rendre, y a été accueilli par un commissaire qui l’a reconnu, quoi qu’il ne l’ait jamais rencontré auparavant, qui l’a conduit à l’hôtel du Griffon, où il a fait bombance. Il a eu peur de rester court quand est venu son tour de chanter, mais tout s’est bien passé, tout le monde a apprécié ses chansons, bien ri, claqué des mains et pour finir le chanteur s’est fait de bons amis.

Le localisme des chansons en patois de Lille témoigne d’une réalité. L’ouvrier de cette métropole industrieuse et misérable n’a ni les moyens ni le temps de se déplacer hors de sa ville. Le coût des voyages lointains est exorbitant, la pratique en est réservée aux riches, comme le dit une chanson d’un certain Henri Delannoy, non datée, qui raconte l’histoire d’un homme qui est devenu pauvre et a fait tous les métiers, et se conclue ainsi :

« J’ raccommode des pindules
Et même les parapluies
Si j’ peux faire m’ fortune
J’irais vir du pays. »4

Tribulations

Aller à quelques dizaines de kilomètres autrement qu’à pieds est rare, et l’on ne bouge que si l’on y est obligé. Au siècle précédent déjà, La Chanson de Gilles Dindin, ou voyage de Gilles Dindin de Saint-Omer à Dunkerque5 racontait l’épopée burlesque d’un habitant de Saint-Omer qui s’embarquait pour aller visiter la ville de Dunkerque, un homme du peuple qui n’était jamais sorti de chez lui et s’étonnait de tout ce qu’il voyait. Beaucoup de nos chansons sont sur ce thème, voire sur ce moule. Dans nombre de textes, les petites expéditions se résument à des déconvenues dont on revient mal en point, souvent après des beuveries. C’est le cas de : Un Voyage d’agrément6, chanson qui évoque les mésaventures d’une bande de coqueleux renommée à Ronchin, partie pour le marais de Lomme, mais victimes de ses abus de boisson. Leur charrette a eu un accident, ils sont tombés pêle-mêle, et sont finalement rentrés chez eux à pied, l’un ayant couché en prison et l’autre sali son pantalon. Quelques années plus tard, Un Voyage à Dunkerque7 évoque le voyage d’un Lillois, allé accueillir le président de la République à son retour de Russie, en 1898. Entre la gare et le port, le pauvre homme est trempé par la pluie et écrasé par la foule, il ne trouve pas moyen de dîner et n’a pas de place dans le train du retour. Cela n’ébranle pas son ardeur patriotique, qui s’exprime par les nombreux « Vive la Russie et vive la France » qui émaillent la chanson.

Il faut une bonne raison pour voyager, une nécessité pressante, et ceux qui tentent l’aventure en sont souvent pour leurs frais. En 1858, Les Deux Cousins8 est un dialogue entre un certain Jérôme et son cousin Narcisse, qui a tout vendu pour aller faire fortune à Paris, mais s’en est mordu les doigts, ayant gagné au plus dix écus en cinq semaines, et failli s’engager. Son interlocuteur estime d’ailleurs qu’il aurait bien dû devenir militaire, car il aurait eu du pain à volonté, de quoi s’habiller et peut-être même une décoration. En 1878 une autre chanson traite du même thème, mais cette fois c’est en Belgique que les Lillois sont allés chercher fortune. L’Voyage d’tros carpintiers9 raconte les déconvenues de trois charpentiers récemment mariés partis travailler en Belgique en pensant pouvoir envoyer une quarantaine de francs à leurs femmes. Leurs outils ne sont jamais arrivés, ils ont été mal payés (ils ont gagné vingt sous à trois), et finalement maudissent leur voyage : « Y votte bien ach’teure / Qui n’a qu’ dins sin ménage / Qu’on peut trouver l’bonheur. » Les voyages lointains sont plus rarement évoqués, mais dans le même esprit. Ainsi, Un Voyache au Java10 parle du départ de Marseille, du mal au coeur éprouvé, de la peur du débarquement à Batavia, de la chaleur et de l’ennui sur place, pour conclure que pour voir de beaux objets venus du Japon il vaut mieux aller à la cantine roubaisienne. En somme il vaut mieux rester chez soi : ce genre de « morale », très courante dans les chansons (qu’elles parlent ou non de voyages) fait partie des conventions du genre.

II – La lente ouverture des horizons

Chemins de fer, « trains de plaisir »

Cette appréhension du voyage diminue progressivement, à mesure de l’ouverture du territoire par les routes et surtout par les chemins de fer, qui rendent les déplacements plus faciles et moins onéreux. La première jonction ferroviaire entre Bruxelles et Malines date de 1835. La voie est ouverte entre Lille et Paris onze ans plus tard. Plusieurs chansons font du chemin de fer un emblème du progrès, telle cette Chanson nouvelle11 qui s’émerveille de la vitesse du train et conclue que bientôt, avec les machines, on ira jusqu’en Chine : « In partant d’ Lille d’un bon matin / On ira coucher à Pékin. »

D’autres chansons témoignent des nouvelles opportunités que le train offre aux gens ingénieux. En 1842, dans la chanson intitulée Voyage de Lille à Boulogne12, un certain Ignace raconte qu’il a voyagé pendant six mois en plusieurs endroits, vendant des allumettes à Pontà-Marcq, du coco à Boulogne, et « fait sa pelote ». Il évoque un certain Pierre, qui a fait de même et, avec l’argent amassé, va pouvoir se marier et prendre un petit établissement. Il conseille à son interlocuteur de suivre leur exemple, de quitter sa boutique où le gain est insuffisant. La chanson évoque au passage des découvertes faites en route, des monuments (la colonne de la Grande Armée à Boulogne, la cathédrale de Tourcoing) et des personnages célèbres rencontrés (Brûle-Maison à Lille), mais on voit bien que le but du voyage n’a rien de touristique. On se déplace pour trouver de quoi vivre, quand cela devient nécessaire.

Bien sûr, on trouve nombre de chansons comiques narrant les mésaventures de voyageurs, comme L’Voyache de Louis Longpif13, chanson à thème scatologique, ou Un voyageur et son chien en chemin de fer14, qui raconte ainsi la triste histoire d’un voyageur qui voulait aller de Tourcoing à la ducasse d’Armentières mais pas payer une place pour son caniche dans le train, et dont le pauvre chien, attaché au wagon, a été écrasé par la machine. Ces chansons ne traitent du voyage que comme d’un prétexte à dénoncer la bêtise ou l’avarice des personnages évoqués. Mais toute une série de chansons fait l’éloge des « trains de plaisir », qui permettent

aux travailleurs de voyager pour leur loisir. Une chanson de 185115 raconte que les trains de plaisir étant arrivés dans la ville, tout le monde a voulu en profiter, les uns en épargnant sur la nourriture, les autres en quittant leur ménage, pour se rendre à Roubaix à l’occasion d’une revue militaire et d’un concours musical, que décrit la suite du texte. Une autre chanson non datée16 parle de l’affluence, du plaisir offert pour un prix modique (4 sous) et (déjà !) des resquilleurs. Le premier voyage de Lille à Dunkerque en train de plaisir a lieu le 28 juillet 1850. Alexandre Desrousseaux en témoigne dans Le Voyage à Dunkerque en train de plaisir17, qui évoque ce train plein de gens ravis d’aller voir la mer pour la première fois de leur vie. Ils vont d’abord voir la statue de Jean Bart, puis se rendent sur la plage, et sont impressionnés :

« Nous allons vir su’ l’ rivache
Cheull’ mer qui fait du flafla.
Le v’la ! Elle approche, ell’ gronde…
Mon Dieu, ch’est-i fini d’ nous ?
D’admiration, d’vant tout l’ monde,
J’étos près de m’mette à g’noux ! »

La frayeur passée, certains vont se baigner ; les costumes de bains féminins déplaisent à l’auteur. La promenade en bateau à vapeur lui donne mal au coeur. Les voyageurs finissent la journée dans une guinguette, ils dansent et font les séducteurs, mais sans succès. Mais au total c’était une belle journée dont ils garderont longtemps le souvenir, comme le dit le refrain : « Ah ! Je m’ souven’rai toudis de ch’ biau voyage à Dunkerque / Ah ! Je m’ souven’rai toudis de ch’ voyage en train d’ plaisi » . Beaucoup de chansons se présentent en effet comme des archives populaires, dont les refrains gardent la mémoire de l’événement raconté.

Le voyage à Paris : découvertes et déconvenues

Le train de plaisir permet au Lillois d’aller à Tourcoing, à Dunkerque, mais aussi jusqu’à Paris. La plupart des chansonniers qui en témoignent insistent sur le bon marché du voyage, qui permet d’envisager le déplacement quand l’occasion se présente. En 1877, Le Chemin de fer parisien, de Victor Bloum, parle essentiellement de la cohue qui prend d’assaut le train à la foire de cette année-là, de la joie de pouvoir voyager bon marché et sans danger, restertranquille pendant trois heures. Il faut tout de même une bonne raison pour aller à Paris, et le plus souvent c’est l’exposition universelle qui la fournit. Une chanson de Louis Longret de 186818 en témoigne :

« Mi comm’ un aute j’ai fait ch’ brillant voyache
Su’ l’ train d’ plaisi’ à un prix modéré
J’étos curieux d’ vir ches grands personnaches
D’ tous les endrots, s’étot’nt bien distingués. »

Certains chansonniers lillois imaginent des occasions plus originales d’aller dans la capitale. Pendant la campagne d’Orient, un chansonnier qui se prétend très au fait des événements19 imagine ainsi que le tsar de Russie sera fait prisonnier et exhibé au jardin des plantes pour 18 sous et conclue :

« Tiens Isabell’ ch’ est point pour rire
Pa’ l’ train d’ plaisi’ j’ vas m’ décider
D’ mi in aller
Pou’ le r’louquer
Du moins in r’venant j’ pourrai dire
J’ai vu un ours apprivoisé. »20

On retrouve ce thème de l’empereur exhibé, cette fois au théâtre du Petit Lazari à Paris, dans une autre chanson intitulée Départ pour l’Orient21.

Parlant des campagnes de l’Auvergne ou de la Bretagne, Eugen Weber rappelait : « Les rares paysans qui allaient à Paris, ne fût-ce qu’une fois dans leur vie, étaient appelés « les Parisiens », tout comme le pèlerin qui revient de la Mecque portera ce titre fièrement pendant le restant de ses jours »22. Pour le Lillois, le voyage dans la capitale ne devient moins exceptionnel qu’à partir du second Empire, et surtout dans les deux dernières décennies du siècle. Aussi ne part-il jamais sans appréhension.

Plusieurs chansons racontent les malheurs de voyageurs intrépides ou naïfs, malheurs qui tiennent davantage du fantasme que de la chronique. Une Chanson nouvelle23 de 1852 évoque la mauvaise farce faite à l’un d’eux par ses compagnons de train, qui ont profité de son assoupissement pour lui coller une affiche sur le dos, à laquelle d’autres ont mis le feu à sa descente de voiture, après l‘avoir ligoté. Devant sa résistance, ils l’ont finalement laissé, affamé et dégoûté. Il n’a rien vu dans Paris et n’y retournera jamais. Quinze ans plus tard, Le Voyage à Paris24 raconte les mésaventures d’un autre Lillois. La nourriture qu’on lui a fournie était peu fraîche, et au Jardin des plantes quand il a voulu boire un verre il a été agressé par un singe qui s’en est pris à ses moustaches. Il a dû aller raser le reste chez un barbier qui lui a pris 15 sous. Il retourne chez lui écoeuré :

« Je m’ rappell’ rai de ch’ voyage
Même quand j’ s’ rai dins l’ paradis
Car eul’ pus biau d’min visache
Etot resté à Paris. »

L’année suivante une troisième chanson25 met en scène les déconvenues d’un Lillois qui a épargné six mois pour aller à l’exposition, mais a trouvé les divertissements hors de prix (30 sous pour le Café des Ambassadeurs), n’a pu trouver le repos, s’est ruiné, et a dû vendre des oranges pour pouvoir finalement, rentrer chez lui. Il est aussi courant de s’émerveiller de la grandeur de Paris que de redouter l’expédition et de finir par l’éloge du pays natal. Alexandre Desrousseaux n’y manque pas. Dans Le voyage à Paris en train de plaisir26, il écrit :

« On m’avot tant vanté l’mervelle
D’cheull’ vill’ qu’on appell’ Paris
Qu’pindant pus d’quinze ans dins m’cervelle
L’idé’ de l’vir trottot toudis. »

Le héros de sa chanson prend donc le train de plaisir « Pour savoir si vraimint, Paris /Ch’est comme on l’dit, un Paradis ». Le jour venu, il s’endimanche, arrive à la station très en avance, monte dans un train très plein, dont les voyageurs chantent des chansons joyeuses. Mais il s’endort pendant le trajet et ses compagnons lui font une farce (ils lui noircissent le visage). A l’arrivée, il suscite des moqueries, les prend mal et menace les rieurs, jusqu’à ce qu’un boutiquier lui explique le tour dont il a été victime. Il va se promener, manque se faire écraser, mange et boit trop et s’enfuit pour ne pas avoir à payer cinq francs :

« Allons-nous-in r’vir Saint-Sauveur
Là, n’y-a pus d’ brav’ s gins que d’voleurs
Infin, mes gins, me v’la rev’nu,
Sans doup’s dins m’ poche, et j’ n’ai rien vu
De ch’ Paris qui n’ me r’verras pus. »

Plusieurs autres chansons montrent que, parmi les inconvénients du voyage, il y a celui de laisser sa femme seule, ce dont elle profite pour faire des bêtises, vendre le mobilier et décamper avec le fruit de la vente (L’ voyage d’ Petit-Pierre, de Désiré Fleurquin ; L’Voyage à Paris, de Jean Derose ; Un voyage d’agrémint, de Victor Laga). Comme la peur de « l’ailleurs » et l’éloge de « l’ici », ces propos misogynes font partie des lieux communs des chansons.

Toutes les chansons sur le thème du voyage à Paris ne sont pas aussi malheureuses. Mais prendre le train pour la capitale est toujours vécu comme une rupture avec le quotidien, un événement, l’occasion de découvertes à la fois historiques et architecturales. Les chansons évoquent volontiers les principaux monuments qui font la réputation des villes. Dans une Chanson nouvelle27non datée, le narrateur dit qu’il lui faudrait toute une journée pour dire toutes les belles choses qu’il a vues à Paris. A son arrivée, il a couru aux Tuileries (« d’vant l’incienne mason / D’tous les Bourbons »), puis sur la place de la Bastille où il a admiré la Colonne de Juillet :

« Mais qu’ ch’ est bien fait !
La gloire des victimes
Gravé en lett’s tout’ dorées
D’ tous les côtés »

Il s’est ensuite rendu place de la Concorde admirer l’obélisque :

« Unn’ pierre talié
Des quatre côtés
Ché l’ pu biau d’l’Europe
Mes gins ch’est unn’ pyramite
Qui vient d’Egype. »

Comme on le voit à ces extraits, la découverte est guidée par le patriotisme. Le « patrimoine » que découvre le voyageur est plus politique que culturel. Le Lillois cherche à Paris de grands souvenirs, les traces des révolutions et de la grandeur nationale.

III – Exils et campagnes lointaines

La petite patrie chère au coeur

Ce citadin effarouché de sortir de chez lui qui parle dans les chansons en patois de Lille est en effet un patriote ardent, mais qui répugne à quitter sa petite patrie. Dans Les Emigrants28, l’auteur, Théodore Cordonnier, explique que maintenant les gens prennent le bateau pour l’Amérique, croyant faire fortune, mais qu’ils se font des idées. Il faut être fou pour s’exiler, devenir bohémien, trimer comme un galérien, et risquer de périr en mer.

« Je l’ dis d’ bon coeur, j’abandonn’rai point Lille
Un patriote drot
Rester dins n’indrot
Malgré qu’on dit qu’i fait riche dins les îles
L’or et l’diamant
Cha n’ s’ra point pour les émigrants. »

D’une façon générale, le Lillois n’a pas beaucoup plus d’enthousiasme pour les déplacements lointains que peut occasionner le service militaire. Il craint plutôt de tirer un mauvais numéro et de devoir abandonner son environnement familier. Comme le rappelle Odile Roynette, depuis l’Ancien Régime, la répulsion pour le service militaire « ne résulte pas seulement de la crainte de trouver la mort sur le champ de bataille, mais de l’extrême appréhension créée par le déracinement et la perte brutale de tous les repères anciens »29. Ce dégoût pour un service qui arrache les gens de métier à leur communauté d’origine est très sensible dans les chansons, dont plusieurs témoignent des malheurs du soldat. Ainsi, dans Le Petit chez lesZoulous30, l’auteur, un Français expulsé en Angleterre, s’engage contre les Zoulous, mais il attrape la jaunisse, puis la fièvre typhoïde, et finalement il est fait prisonnier lors d’une reconnaissance. Pourtant, le départ à l’armée peut améliorer l’ordinaire des ouvriers31, comme l’illustre le cas d’Alexandre Desrousseaux lui-même. A vingt ans (en 1840), le chansonnier (alors débutant) a tiré un mauvais numéro et été affecté au 46e de ligne, en garnison à Caen. Musicien-gagiste-clarinettiste, il dirige l’orchestre pendant les bals d’officiers et donne des leçons de solfège, qui lui rapportent jusqu’à dix francs par mois. A son retour à Lille, en 1847, il connaît des jours difficiles et songe à gagner Paris, quand ses succès de chansonnier lui permettent finalement de rester dans sa ville natale.

Prestige et avantages des voyages lointains

« Dans ce monde culturel étroitement local, on entend ici ou là l’écho des événements extérieurs, nationaux ou internationaux (…) comme des bruits lointains, étouffés »32. Pourtant la « grande patrie » n’est pas absente des chansons, loin de là. La plupart comprennent un couplet d’exaltation patriotique, et l’éloge de l’armée et de ses victoires est récurrent. Le patriotisme de l’ouvrier lillois est indéniable. Il s’alimente en partie au souvenir du siège de 1792 et des victoires de l’Empire, bien souvent rappelés dans les chansons. Il s’exprime de façon naïve et caricaturale, que ce soit à l’égard des Arabes, des Chinois, des Russes ou des Autrichiens. La plupart des chansons « militaires » commentent l’actualité à travers l’artifice de lettres envoyées par des conscrits à leur amoureuse restée au pays, ou à leur mère, femmes aussi ardentes patriotes et aussi belliqueuses qu’eux. Lors de la campagne de Crimée, en particulier, certains chansonniers se promettent de devancer l’appel pour aller dire son fait au fameux Nicolas, tandis que d’autres font contre mauvaise fortune bon coeur :

« Nous f’rons vir à chès vilains merles
Qu’ puisque l’ sort nous a fait soldats
Ch’ est point pour infiler des perles
Ni s’pavaner sur des dadas. »33

Desrousseaux consacre aussi l’une de ses chansons à ces « Conscrits de l’an 56 », sur l’air de la Retraite34. Elle consiste surtout en rappel des faits héroïques anciens et promesses de nouveaux déboires pour les Russes :

« Conscrits du Nord,
Puisque l’ sort nous invite
A quitter vite
Nos ateliers pour dev’nir des guerriers
In d’zous d’nos limeros
(Nous n’in s’rons qu’pu farauts)
Faijons marquer ches mots :
Nous sommes conscrits
Et des Russiens l’enn’mis. »

Dans certains cas cependant l’engagement fournit au conscrit ou au remplaçant une occasion de voyager, et le désir de voir du pays peut être un stimulant. C’est ainsi que dans Campagne d’Italie35, l’auteur déclare :

« …Ch’étot min désir
D’ voloir voyager ;
Quand j’ai tiré au sort
J’ prins un bas luméro
P’eu d’là j’ queusi min corps (bis)
Pou partir aussitôt. »

Dans la suite de la chanson, il évoque les beaux monuments découverts dans les villes de garnison, puis à Toulon l’embarquement pour Alger, où il visite les ruines antiques, avant de marcher à la gloire en Italie et de rentrer au pays.

Dans Un Lillois de retour du Tonkin36, l’auteur évoque la bravoure et les victoires des Français sur les Pavillons-noirs, mais dit regretter surtout la nourriture, le linge, les cigares et le vin. Il se vante d’avoir rapporté un pavillon noir pour trophée et conclue :

« Pour finir pour mi ch’ t’ eun’ gloire
J’avos jamais voyagé. »

D’autres chansons plus tardives évoquent plutôt la monotonie de l’ordinaire des soldats revenus au pays après leurs aventures exotiques. Dans une chanson manuscrite datée de190637, écrite pour une société prénommée la Chechia, qui regroupe des anciens de divers corps d’Afrique, l’auteur déclare ironiquement :

« Quand in r’vien din sin patelin
Pour nous y a pu rien d’ nouviau
Car un a vu tan’ d’ machin
Par là ave les négrots
On peut leu’ faire concurrence
Dans les foir’ et les ducasses
On s’chargé d’ la danse du vent’
Et n’ présinté l’homm’ sauvage »

IV – La musique qui fait voyager : orphéons et concours

Il existe une autre occasion de voyager qui ne suscite, elle, que des commentaires enthousiastes : c’est celle qu’offrent l’appartenance à des orphéons, la participation aux festivals et surtout aux concours. Comme l’écrit justement Philippe Gumplowicz, « Les orphéonistes sont parmi les premiers hommes du peuple qui peuvent s’en aller respirer d’autres odeurs, voir d’autres visages. »38

C’est particulièrement vrai dans la région du Nord et du Pas-de-Calais, une des plus actives sur le plan musical. Des 85.000 ouvriers des mines du Bassin du Nord, les mineurs musiciens sont les seuls, en un temps où la journée de travail est de douze heures et où le congé payé n’existe pas, à pouvoir rompre avec le rythme immuable de la fosse et le ghetto du coron. « La musique, c’est aussi le moyen de découvrir un autre monde. Car, en dehors de la période du service militaire, l’homme de 1900 ne quitte guère les murs de son village. Or la société lui offre ses premiers, et souvent même ses seuls loisirs : les sorties dans les communes de la région, les banquets et surtout les festivals et les grands voyages. C’est ainsi que plupart des mineurs ayant découvert la mer à la fin du siècle dernier étaient les mineurs musiciens. »39

Delaporte, le grand organisateur du mouvement orphéonique après la mort de Wilhem, le fondateur, organise le premier concours musical à Troyes en 1849. Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, la plupart des sociétés orphéoniques se font un point d’honneur de participer à ces concours, dont les prix leur valent une vraie renommée locale, et qui sont aussi des déplacements de loisir très attendus des sociétaires. Ainsi, de 1897 à 1912 l’Harmonie d’Auxerre part en voyage à Troyes, Dijon, Pantin, Honfleur, Mantes, Chablis, Toulon, Versailles, la Rochelle : « Un concours ou un festival à disputer, mais surtout, le plaisir de s’en aller pour deux, trois jours. »40 C’est aussi le cas de la célèbre société des orphéonistes lillois, les Crick-Mouils.

Les Cricks-Mouil’s

Ils sont au départ dix-sept compères, sapeurs-pompiers de Lille, passionnés par le jeu de la bombe (d’où leur vient leur nom) et le chant choral, qui forment la petite société des « Francsbuveurs, rigolos de l’amitié »41. Ils se réunissent trois fois par semaine à l’Arche de Noé, terrasse Sainte-Catherine, et chantent à la cantonade des airs traditionnels. En 1838, ils vont à un concours orphéonique en Belgique et en reviennent transportés, se mettent à déchiffrer des choeurs à plusieurs voix, suscitant une grande émulation. En 1848, la société quitte le corps des sapeurs-pompiers, et s’ouvre à des chanteurs amateurs ; son directeur, Ferdinand Lavaine, professeur à l’Académie de musique de Lille, en fait une formation d’élite. Ils participent au premier concours orphéonique de France, en 1851, à Troyes, et l’emportent notamment sur les Enfants de Paris, société patronnée par Adolphe Adam en personne, ce qui leur vaut une véritable gloire.

Grâce à la monographie consacrée aux Crick-Mouils par André Gaudefroy42, on peut faire le compte des concours auxquels ils participent ensuite : Arras en 1853, Orléans en 1855, Gand en 1856, Clermont-Ferrand en 1857, Anvers en 1858, Saint-Omer en 1859, Clermont-Ferrand à nouveau en 1863, Paris en 1867, Douai en 1869, Blois en 1870, Le Havre en 1873, Rouen en 1875, Paris en 1870. On voit à cette liste que les concours ne sont pas très fréquents (moins d’un par an en moyenne), qu’ils ont surtout lieu dans la région, soit en France, soit en Belgique, à quelques exceptions près : Orléans, Blois, Clermont-Ferrand et Paris, où les Crick-Mouils ne se rendent qu’à l’occasion des expositions universelles. Le temps des sociétaires est très largement consacré au travail, aux célébrations et aux manifestations de bienfaisance locales. Mais les victoires aux concours sont pour beaucoup dans leur notoriété, comme en attestent les trois chansons « orphéoniques » d’Alexandre Desrousseaux, dont deux sont des récits du fameux concours de Troyes.

L’garchon Girotte au concours de Troyes est une chanson d’actualité43, datée du 1er juin 1851. Elle se présente sous la forme d’un dialogue entre le garçon Girotte, qui n’y connaît rien enmusique44 et craint que l’expédition se passe mal, et les Criks-Mouils, qui partent pour ce « long voyage » le coeur joyeux et pleins d’espoir, en lui répondant :

« Un vrai Lillos dot, coût’ que coûte
Courir uch’ que l’apell’ l’honneur… »

Le garçon Girotte, piqué au vif, décide de les accompagner. Il n’est pas bien aise d’arriver, quand il voit tous les concurrents parisiens et belges des Lillois, et doit avec eux passer la nuit au petit séminaire, où ils sont dévorés par les puces. Les oiseaux de la halle au blé, où se déroule le concours, font concurrence aux chanteurs parisiens, mais se taisent quand arrive le tour des Lillois, qui remportent la victoire.

« Infin, au r’tour de ch’ grand voyache
In r’veyant l’ cloquer d’ Saint-Sauveur
Chacun d’chés Crick-Mouls, fin bénache
A sintu palpiter sin coeur… »

Cette première chanson s’inscrit pleinement dans la tradition des chansons de voyage, également par son refrain : « Ah, de ch’ voyache on parlera / Aussi longtemps que l’mond’ dur’a (bis) ». La deuxième chanson, Les Criks-Mouls, sur l’air d’une ronde allemande ou d’une chanson à boire (« Vrai Momusien, j’éparpille ma vie »)45, est un portrait de groupe, une autre occasion de faire l’éloge des Lillois, toujours comparés aux Parisiens :

« Quand vous sarez tout au long leu-z-histoire
Vous conviendrez que ch’ n’est point des nicdouls ;
Vous direz m’s amis : « Les gins d’Paris n’ vodront point croire,
Qu’on trouv’ dins ch’ pays si frod,
Des gins si dégourdis. »

Les couplets successifs évoquent l’intronisation des sociétaires, tous de bons garçons, la Sainte-Cécile, et les concours (couplet 5) :

« Chaque fos qu’on monte un grand combat d’ musique
Les v’la partis brav’mint canter des choeurs.Et chacun l’sait, lon de r’chevoir leu’ trique,
Douze fos sur treisse i’ sont rev’nus vainqueurs. »

Le chansonnier reconnaît qu’ils ont perdu en Belgique, mais précise qu’ils ont gardé courage et en ont fait une chanson. Il évoque pour finir le portrait réalisé par Louis Delemer (graveur, prix de Rome), autre preuve de la « gloire » des Crick-Mouils.

Le troisième texte s’intitule La Rentrée d’un concours46 ; c’est une pasquille, donc un poème narratif sans musique, qui évoque une musique revenant d’un concours, accueillie avec enthousiasme par ses compatriotes. Les musiciens sont fiers et heureux,

« Mais l’un d’euss’, pour tout dir’ vraimint
N’intind point du tout ch’ complimint,
Car, in honnêt’ pèr’ de famille
I tient dins ses bras s’petit’ fille,
Et l’bajote avec tant d’ardeur
Qu’on jur’rot là, parole d’honneur,
Qu’il arrive du fin fond d’Afrique
Ou d’ l’Amérique,
Et qu’i n’ l’a point vu’ d’puis six mos
Eun’ petit’ fos… »

Une autre petite fille, au contraire, tremble parce qu’elle doit remettre un bouquet à un orateur :

« Pauvre infant ! autant qu’un conscrit
Qui vient d’ quitter ses pères et mères
Et parte pour l’armé’ d’ la guerre
Elle a l’air tout triste… Elle a peur… »

Comme on le voit à ces extraits, le voyage ne se limite pas au déplacement spatial : il est le nom de ce qui arrache au familier, l’épreuve, le dépassement de soi. Le voyage de l’orphéoniste ne diffère pas essentiellement de l’épopée lointaine du militaire aux yeux du chansonnier lillois.

Conclusion

Ce petit parcours dans le corpus des chansons en patois de Lille montre que le voyage reste, jusqu’à la fin du XIXe siècle, une aventure pour l’homme du peuple qui le tente. Il faut faire la part des conventions du genre : les chansons expriment l’amour de la petite patrie et l’appréhension de l’inconnu, se font le véhicule de valeurs conservatrices (« Où est-on mieux qu’au sein de sa famille ? »). Mais on y trouve cependant nombre d’indices de l’élargissement progressif des horizons physiques et mentaux de l’ouvrier de la métropole lilloise, que permettent les innovations techniques (les trains de plaisir) et les mutations sociales (le mouvement orphéonique). Ces modestes archives du peuple, encore si peu explorées, ont bien des choses à nous apprendre.


1. Le filtier est celui qui fabrique le fil à coudre.

2. Importance déjà soulignée par Eugen Weber, La Fin des terroirs, la modernisation de la France rurale 1870-1914, Paris, Fayard, 1983.

3. Marty, Chanter pour survivre, Culture ouvrière, travail et technique dans le textile, Roubaix 1850-1914, Fédération Léo Lagrange, Imprimerie artésienne, Liévin, 1982, p. 176.

4. Chanson nouvelle en patois de Lille, de la Société des Amis réunis de la Liberté, par Henri Delannoy. Voir en fin d’article la référence précise des chansons.

5. Chanson anonyme ancienne, antérieure à 1762.

6. Un Voyage d’agrément, par les Coqueleux de Ronchin, de la Société des Sans-pitié, sur l’air du « Petit Quinquin » (d’A. Desrousseaux), signé César Latulupe, 1891.

7. Un Voyage à Dunkerque, de la Société des Rouges-nez, sur l’air de : « Tout mince » ou « Je le conserve pour ma femme », signée H. Fournier, 1898.

8. Les Deux Cousins, de la Société des Bons-Enfants, sur l’air : « De moi ne soyez pas surpris si j’amène ici ma maîtresse », anonyme, 1858.

9. L’Voyage d’tros carpintiers, de la Société du Cheval d’osier, signée Théodore Cordonnier, sur l’air du verglas, 1878.

10. Un Voyache au Java, de la Société des Amis réunis chez Jean Pieu, sur l’air des Pochards de la Glacière, signée Achille Broutin.

11. Chanson nouvelle, de la Société du Grenadier lillois, non datée.

12. Voyage de Lille à Boulogne, par un marchand d’allumettes chimiques, de la Société du Grand Saint-Esprit, sur l’air : « Veux-tu venir Catherine avec tes wigeaines », anonyme, 1842.

13. L’Voyache de Louis Longpif, manuscrit anonyme, musique notée.

14. Un voyageur et son chien en chemin de fer, chantée par les Bons-Vivants de Bâle en Suisse, sur l’air de « La Comédie gratis » (de A. Desrousseaux), signée Jean-Baptiste de la Barre, 1864.

15. Chanson nouvelle, des Amis réunis à Saint-Mathias, sur l’air de la polka, par un sociétaire, 1851.

16. Chanson nouvelle, par les Amis réunis à l’estaminet de Saint-Amand, sur l’air du désespoir, signée Joseph Henri Lalau, non datée.

17. A. Desrousseaux, « Le Voyage à Dunkerque en train de plaisir », dans Œuvres complètes (ci-après O.C.), vol. 1, p. 126.

18. Chanson nouvelle en patois de Lille, chantée par la Société des Amis réunis au Grand Quinquin, air non indiqué, signée Louis Longret, 1868.

19. « Ches capons d’fileurs / M’appellent à ch’ teur / Eul’ Moniteur / A caus’ que j’ sus in politique / L’ pu éduquer d’ tout Saint-Sauveur ».

20. L’Bochu Franços sur les affaires d’Orient, chanson nouvelle en patois de Lille, par la Société des Amis réunis de la Liberté, sur l’air de La foire de Lille, 1855.

21. Départ pour l’Orient, chanson nouvelle en patois de Lille, par la Société du Bonnet, 18 février 1855.

22. E. Weber, La Fin des terroirs, la modernisation de la France rurale 1870- 1914, Paris, Fayard, 1983, p. 290.

23. Chanson nouvelle de la Société de la Liberté, sur l’air de la Cendrillon, 1852.

24. Le Voyage à Paris, des Enfants chinois, sur l’air du « Voyage à Dunkerque », signée G. Bizard, 1867.

25. Chanson nouvelle, de la Société des Amis réunis des petits couteaux, signée D.F., 1868.

26. A. Desrousseaux, « Le Voyage à Paris en train de plaisir », dans O.C., vol. 1, p. 28.

27. Chanson nouvelle, de la Société du Grenadier lillois, sur l’air : « Abd-el- Kader quoich’ qu’te pinse » (donc probablement postérieure à 1848), anonyme, non datée.

28. Les Emigrants, chanson de la Société des Anti-émigrants, sur l’air des Pious-pious d’Auvergne, par Théodore Cordonnier, 1889.

29. Odile Roynette, Bons pour le service, l’expérience de la caserne en France à la fin du XIXe siècle, Paris, Belin, 2000, p. 29.

30. Le Petit chez les Zoulous, chanson de la société de la Raie mouchetée, sur l’air du Petit Jésus ou du Loup, par C. Brochet, 1880.

31. Comme le suggère la chanson Les Deux Cousins mentionnée ci-dessus.

32. Laurent Marty, op. cit., p. 182.

33. « Lettre de Popold à sa fiancée Marie-Claire », citée par Pierre Pierrard, Chansons populaires de Lille sous le second Empire, réed. 1998, p. 86.

34. Desrousseaux, « Les Conscrits de l’an 56 », dans O.C. vol. 3 p. 5.

35. Campagne d’Italie, chanson nouvelle de la Société de la Liberté, sur l’air des Bonnes gens de Saint-Sauveur, par Edouard Prévos, 1860.

36. Un Lillois de retour du Tonkin, société les Tonkinois, air du Garchon d’Lille, signé H.D., 1886.

37. Chanson manuscrite sur l’air : On n’ ki pu dans les courettes, signée Ben- Mohammed-Messaoud, pour une société prénommée la Chechia, qui regroupe des anciens de divers corps d’Afrique, 1906.

38. Philippe Gumplowicz Les Travaux d’Orphée, Deux siècles de pratique musicale amateur en France (1820-2000), Paris, Aubier, 2e édition 2001, p. 151 sqq. « Les voyageurs de l’orphéon. »

39. André Lebon, Petite histoire des sociétés de musique populaire dans le Nord de la France, Escaudain, p. 29.

40. P. Gumplowicz, op. cit., p. 151.

41. Ibid., p. 76.

42. André Gaudefroy, La Société des orphéonistes lillois Crick-Mouils, Lille, 1896.

43. Desrousseaux, L’ Garchon Girotte au concours de Troyes, sur l’air : Non, je n’prendrai pas un mari, dans O.C. vol. 1 p. 150.

44. « Mi, qui n’avo’, in fait d’musique / Intindu qu’des combats d’pinchons/ J’ craingnios qu’pour éviter eun’ trique / On n’crève les yeux d’ ches bons garchons »

45. Desrousseaux, Les Crik-Mouls, dans O.C. vol. 3 p. 132.

46. Desrousseaux, La Rentrée d’un concours, O.C. vol. 5 p. 24.


Corpus

(par ordre d’auteur, et par ordre chronologique pour les petits formats)

– Auteurs

La Chanson de Gilles Dindin, par le bibliophile artésien, Saint-Omer, 1871.

Alexandre Desrousseaux, Œuvres complètes, Lille, 1891-1895, 5 vol.

Le Voyage à Paris en train de plaisir, vol. 1, p. 28

L’ Garchon Girotte au concours de Troyes, vol. 1, p. 150.

Les Cricks-Mouls, vol. 3, p. 132.

Mon premier voyage à Arras, vol. 4, p. 59

La Rentrée d’un concours, pasquille, vol. 5 p. 24

– Petits-formats

Chansons non datées :

Chanson nouvelle en patois de Lille, société des amis réunis de la Liberté, Henri Delannoy, non datée, 44187.46.5

Chanson nouvelle, amis réunis à l’estaminet de Saint-Amand, sur l’air du désespoir, de Joseph Henri Lalau, non datée, 44187.61.10

Chanson nouvelle, société du Grenadier lillois, sur l’air : « Abd-el-Kader quoich’ qu’te pinse », non datée, 44187.280.11

Chanson nouvelle, société du Grenadier lillois, air non indiqué, anonyme, 44187.280.15

Chansons datées :

Voyage de Lille à Boulogne, par un marchand d’allumettes chimiques, société du Grand Saint Esprit, sur l’air : Veux-tu venir Catherine avec tes wigeaines, 1842, 44187.271.13

Chanson nouvelle, Amis réunis à Saint-Mathias, air de la polka, par un sociétaire, 1851, 44187.63.1

Chanson nouvelle, société de la Liberté, air de la Cendrillon, février 1852, 44187.308.15

L’Bochu Franços sur les affaires d’Orient, chanson nouvelle en patois de Lille chantée par la Société des amis réunis de la Liberté, sur l’air de La foire de Lille, 1855, 44187.46.4

Les Deux Cousins, société des Bons-Enfants, air : « De moi ne soyez pas surpris si j’amène ici ma maîtresse », anonyme, 1858, 44187.127.9

Campagne d’Italie, chanson nouvelle de la Société de la Liberté, sur l’air des Bonnes gens de Saint-Sauveur, par Edouard Prévos, 44186.1860.7

Un voyageur et son chien en chemin de fer, chantée par les Bons-Vivants de Bâle en Suisse, sur l’air de La Comédie gratis (de Desrousseaux), de Jean-Baptiste de la Barre, 1864, 44187.143.3

Le Voyage à Paris, par les Enfants chinois, de G. Bizard, sur l’air du Voyage à Dunkerque, 1867, 44187.201.5

Chanson nouvelle, société des amis réunis des petits couteaux, signée D.F. , 44186. 1868.11

Chanson nouvelle en patois de Lille, chantée par la société des amis réunis au Grand Quinquin, 1868, de Louis Longret, air non indiqué, 44187.44.4

Le Chemin de fer parisien, société des Amis réunis, sur l’air : « Courez filles et garchons », de Victor Bloum, 1877, 44187.43.2

Le Petit chez les Zoulous, société de la Raie mouchetée, sur l’air du Petit Jésus ou du Loup, par C. Brochet, 44186.1880.28

L’ voyage d’ Petit-Pierre, société des francs-Lillois, Désiré Fleurquin, 44186.1875.22

L’Voyage d’tros carpintiers, société du cheval d’osier, Théodore Cordonnier, sur l’air du verglas, 1878, 44187.364.1

Un Lillois de retour du Tonkin, société les Tonkinois, air du Garchon d’Lille, signé H.D., 44186.1886.18

L’Voyage à Paris, réunion des ruines, Jean Derose, 44186.1886.29

Les Émigrants, société des anti-émigrants, Théodore Cordonnnier, 44186.1889.12

Un Voyage d’agrémint, société les courtes pipes, Vitor Laga, 44186.1891.27

Un Voyage à Dunkerque, société des rouges-nez, sur l’ari de : « Tout mince » ou « Je le conserve pour ma femme », par H. Fournier, 44186.1898.28

Un Voyage d’agrément, par les coqueleux de Ronchin, société des sans pitié, sur l’air du « Petit Quinquin », signé César Latulupe, 44186.1898.29

Un Voyache au Java, amis réunis chez Jean Pieu, sur l’air des Pochards de la Glacière, par Achille Broutin, 44186.1899.31

Chanson manuscrite, sur l’air : « On n’ ki pu dans les courettes », signée Ben-Mohammed-Messaoud, 44186.1906.24,

L’Voyache de Louis Longpif, manuscrit anonyme, musique notée, 44186.1906.45.

Bibliographie

Alexandre Desrousseaux, Œuvres complètes, Lille, 1891-1895, 5 volumes.

André Gaudefroy, La Société des orphéonistes lillois Crick-Mouils, Lille, 1896.

Ph. Gumplowicz, Les Travaux d’Orphée, Deux siècles de pratique musicale amateur en France (1820-2000), Paris, Aubier, 2e édition 2001.

André Lebon, Petite histoire des sociétés de musique populaire dans le Nord, Escaudin, 1978.

L. Marty, Chanter pour survivre, Culture ouvrière, travail et technique dans le textile, Roubaix 1850-1914, Fédération Léo Lagrange, Imprimerie artésienne, Liévin, 1982.

Pierre Pierrard, Chansons populaires de Lille sous le second Empire, Lille, réed. 1998, p. 86.

E. Weber, La Fin des terroirs, la modernisation de la France rurale 1870-1914, Paris, Fayard, 1983.

LIENS POUR APPROFONDIR

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