Parmi les auteurs patoisants prolifiques boulonnais, il est difficile de ne pas mentionner Félix Valette (1915 – 2004). Lui, qui a notamment été acteur dans la célèbre revue boulonnaise du temps de Marvas (interprétant par exemple le premier trio des trois grâces), est aujourd’hui connu pour ses nombreux chants et poèmes écrits tout au long de sa vie. Il a notamment écrit les paroles de Boulogne en chansons, album interprété avec ses acolytes de la revue Micheline Bourguignon (Zabelle de l’époque) et Pierre Podevin.
Toutefois, son apport principal dans la littérature régionale est son investissement dans la publication de chroniques sous le nom de « Félicie », tous les dimanches dans la Voix du Nord, à partir des années 1960. Ces chroniques, au départ, racontaient les petits potins, en patois forcément. Puis, la rubrique s’est élargie à la publication de poèmes en patois. Les chroniques ayant été arrêté en 1999, Félix Valette et ses fils ont édité un recueil intitulé Boulogne-sur-Vers, regroupant tous ces poèmes, devenant ainsi une ressource formidable pour qui veut s’intéresser à l’écriture picarde-boulonnaise.
Poème Quay Gambetta de Félix Valette, d’après le recueil Boulogne-sur-Vers – Recueil de poèmes patoisants de Félix Valette, 1999.
QUAY GAMBETTA
Un bon tit coin d’Boulonne
Fréquentei autrefois
D’mindez aux viell’s personnes
C’étoit l’Quay Gambetta
Yavoit un air ed fête
Les Bourgeois, les mat’lots
In chœur s’y balladaitent
D’la Halle au Casino.
Quay Gambetta
L’jeunesse ed Boulonn’ passoit par là
Quay Gambetta
In s’prom’nant tout douc’ mint par el bras
Quay Gambetta
Les premiers baisots on les voloit yavoit d’l’Amour
Tout au long du Parcours
Et del joie
Sur el Quay Gambetta
Bin sur j’avoue qu’ej l’aime
J’aime el Quay Gambetta
Malgré qu’y n’soye pus l’ même
Avec ses immeubl’s froids
A c’tte heure on s’y promène
Mais c’est pus comme avant ca m’fait quéqu’fois del peine
C’étoit si gai d’ins l’temps
Quay Gambetta
Fort souvint l’solel passoit par là
Quay Gambetta
Canteuws et cam’lots mélant lus voix
Quay Gambetta
Attirai nte el foul’ qu’alle aimoit çà
C’étoit toujours el ducasse des biauws jours
Et del joie
Sur el Quay Gambetta
Quay Gambetta
Toute el vie d’Boulonn’ passoit par là
Quay Gambetta
In c’temps-là tout l’monde y’ connaissoit
Quay Gambetta
Qu’on soye del rue Thiers et del Plata
Yavoit d’l’Amour
Quand on s’disoit « Bonjour »
Et del joie
Sur el Quay Gambetta.